1. Organiser la présence de services de micro-mobilités sur votre territoire, via des concessions renouvelables
2. Mettre en place sur votre territoire du mobilier urbain connecté et des solutions intelligentes pour le stationnement
3. Élaborer un plan de déploiement des infrastructures de recharge pour les véhicules électriques
Pour limiter son impact sur la planète, la France s’est donnée pour objectif dans la loi ‘Climat et résilience’ de devenir neutre en carbone d’ici 2050. Afin d’atteindre ce but, des efforts importants sont à réaliser et, en particulier, dans le domaine des transports, premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France représentant à lui seul 30% des émissions totales1. Décarboner la mobilité ne sera possible sans l’implication de l’ensemble des échelons territoriaux. Dans un contexte où la pression des citoyens se fait de plus en plus importante, les collectivités ont un rôle important à jouer. Par le biais de la commande publique ou d’actions propres, elles ont le pouvoir de favoriser la décarbonation des mobilités. Elles peuvent notamment, grâce à leur capacité à aménager l’espace urbain, initier de nouvelles habitudes de déplacement2. Mais c’est aussi le potentiel du numérique et des nouvelles technologies qui intéresse les collectivités qui souhaitent investir le champ des mobilités décarbonées. Surtout que de telles démarches, en dehors de l’impact purement environnemental, peuvent avoir de très nombreuses externalités positives dont le renforcement de l’attractivité du territoire.
1/ Mettre le numérique au service de la multimodalité et des mobilités partagées
Le numérique a permis le développement de la MAAS (mobility as a service, mobilités comme service) c’est-à-dire d’offrir une expérience de mobilité unique en planifiant, réservant et payant un trajet multimodal en quelques clics seulement. Par ailleurs, de nombreuses applications plus simples ont été développées pour fournir des informationsen temps réel sur la disponibilité des véhicules et leur localisation, les horaires des lignes de transports en commun, l’itinéraire le plus adapté, le temps d’attente, ou encore le trafic. La qualité des données fournies par celles-ci dépendent en grande partie de la qualité des données mises à disposition par le territoire lui-même, ce qui devient un enjeu de politiques publiques en soi. En parallèle, dans le but d’encourager le covoiturage se déploient sur les territoires du mobilier urbain connecté. Dans les villes comme Grenoble ayant déployé des VR2+ (voies réservées aux véhicules transportant au moins deux personnes) ont été installés au-dessus des voies des panneaux à messages variables pour signaler à ceux autorisés l’emplacement de leur voie ainsi qu’inviter les véhicules non autorisés à changer de voie. Enfin, on notera les solutions comme celle de YesPark, qui cherchent à adresser les fortes contraintes associées auxdémarches d’auto-partage en ville, limitées notamment par le manque de places de stationnement. Par le biais d’une application et grâce à des capteurs, les utilisateurs peuvent dorénavant accéder à des places dans les parkings souterrains des agglomérations et des bailleurs sociaux, au moment où celles-ci ne sont pas utilisées.
2/ Adapter votre territoire aux nouvelles énergies pour les mobilités
En juin dernier, les États membres de l’Union européenne se sont prononcés en faveur de l’interdiction de la vente de véhicules légers neufs à moteur thermique à partir de 2035. Cette décision impacte directement les collectivités qui vont devoir s’adapter d’ici 2035 pour accueillir un nombre toujours croissant de véhicules électriques et à hydrogène sur leur territoire. Pour accompagner le développement de la mobilité électrique et à hydrogène, les collectivités ont la possibilité de mettre en place des avantages à l’usage comme la gratuité du stationnement ou des voies réservées, mais, aussi, de déployer sur la voirie des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE) accessibles à tous. A l’heure actuelle près de 90% des bornes de recharges électriques sont déployées en milieu privé. Pour encourager l’usage de véhicules électriques mais surtout anticiper les besoins à venir, les collectivités vont devoir élaborer un plan de déploiement IRVE adapté au territoire. Pour se faire, elles vont devoir s’appuyer sur des données de mobilité, techniques, territoriales et démographiques. La création de jeux de données de mobilité par le biais de caméras ou de capteurs de comptage connectés, la modélisation de ces flux et leur analyse, devront permettre aux collectivités d’identifier les endroits les plus propices et pertinents pour disposer leurs équipements IRVE à faible ou forte puissance, ainsi que les stations de recharge en hydrogène en fonction des besoins et des usages.
3/ Transformer les déplacements dans les territoires avec les services de micro-mobilités
A l’heure où la ville du quart d’heure est devenue un concept attrayant pour les collectivités, et où susciter la croissance des mobilités douces est un vrai enjeu, on remarque que les villes s’emparent de plus en plus de ces dispositifs partagés en libre-service. Bien qu’ils génèrent d’importantes externalités positives et présentent de nombreux avantages, les services de micro-mobilités (vélos et trottinettes en libre-service) ont dû nécessiter de nombreuses adaptations. Les collectivités et les professionnels du secteur ont travaillé main dans la main pour produire de nombreuses innovations aujourd’hui à la portée de toutes les villes. On peut désormais par exemple empêcher tout stationnement en dehors des zones autorisées avec des technologies très fiables pour ce faire. Il est également possible de limiter la vitesse de déplacement en fonction des zones définies par la collectivité, et de détecter d’éventuelles chutes ou collisions afin de les signaler. Fifteen a par ailleurs trouvé un moyen de combiner des formules d’abonnement13 : via une option sur application mobile, il est aujourd’hui possible d’utiliser dans certaines villes son vélo pour une location courte durée (VLS) puis pour une location longue durée (LLD) et vice versa.
“Mobilités décarbonées. Un défi global”, CEREMA, Construction21, lab recherche environnement VINCI ParisTech, 2022, Collection Les dossiers.
Compte rendu de la réunion au Sénat sur les enjeux du développement des véhicules électriques, 5/10/2022.